Être un enfant africain n’est pas une malédiction, c’est plutôt une chance !
A l’occasion de la journée internationale des enfants africains, je me fais le porte-voix de ces enfants qui font depuis toujours notre fierté mais qui malheureusement sont victimes de trop d’abus.
Nous, enfants africains, avons été éduqués à ne pas parler. Chez nous, la parole appartient aux personnes plus âgées. Alors nous les enfants, nous n’avons pas le droit de nous exprimer sur tel ou tel sujet, parce que nos parents considéraient que nous manquions de sagesse ; que nous étions trop jeunes et que nous ne connaissions rien à la vie. Nous avons grandi dans la culture du silence. Chaque fois que nous avions tenté d’exprimer notre opinion, nous avons été rabroués et le refrain était toujours « tais-toi ! où va là-bas ! ».
Nos questions ? Personne n’y répondait, estimant que cela n’en valait pas la peine, parce que nous étions trop jeunes pour comprendre ! Dès lors, nous avions fini par accepter notre condition d’ignorants, inutiles voire dépourvus d’intelligence. Nous avons accepté de nous taire et de tout subir.
Mais aujourd’hui, les temps ont changé, tout le monde revendique le droit à la parole.
Être un enfant africain n’est pas une malédiction. C’est plutôt une chance.
Car il faut avoir beaucoup de chance pour naître et rester en vie malgré le fait que la plupart de nos mères dans les villages accouchent seules et sans aides médicales. Notre chance, c’est de naitre de mères valeureuses et courageuses, qui, quoique sans grand moyens, nous scolarisent et se battent pour que nous puissions réussir. Nous avons de la chance de continuer à aller à l’école et de réussir en dépit du fait que nous n’avons qu’un seul repas par jour. La chance de parcourir de longues distances pour trouver le savoir. La chance de vivre tout simplement.
Les souffrances vécues de manière précoce nous ont rendus forts et aguerris aux difficultés de la vie. Plus rien ne nous effraie. Nous voulons désormais parler. Nous voulons dire au monde entier que nous ne serons pas des éternels assistés, que nous sommes intelligents et que nous avons des talents. Nous avons une destinée commune, celle de nous battre pour sortir l’Afrique de son agonie et de lui donner les moyens de retrouver son lustre d’antan.