Le jour où j’ai pleuré aux impôts de Cocody
Derrière tout succès se trouvent des expériences douloureuses qu’on aimerait ne pas dire aux autres. Je me suis cependant donnée pour mission de ne rien cacher pour aider ne serait-ce qu’une personne. Alors, je dis tout chaque fois que je sens que c’est le bon moment pour le faire.
J’écris cet article alors que je participe au 2018 High-Level Dialogue on Democracy, Human Rights and Governance de l’UNION AFRICAINE au Bostwana. Au cours de cette conférence, l’impact des taxes sur la corruption chez les femmes a été abordé. Le thème m’a remis en mémoire le jour où j’ai pleuré aux impôts de Cocody (Abidjan) comme un bébé.
Voici comment tout a commencé :
Bonne salariée que j’étais, je décide de créer et de déclarer mon entreprise sans avoir pris le temps de savoir à quelle sauce je serai mangée (rires). J’avais épargné pour ce projet donc pas besoin d’aller chercher moi-même des informations. Alors j’engage un expert (juriste) en matière de création d’entreprise qui me facture 350.000 fcfa la prestation. Chose qui coûte beaucoup moins en temps normal.
Un jour, en pleine démarche, il m’appelle et me demande ceci: <<…30.000.000 de Fcfa serait bon comme chiffre d’affaires à mentionner dans les documents de l’entreprise ?>> Comment dire non? Je lui donne mon accord sans savoir qu’à ce montant des impôts se rattachaient par ricochet. Pire, l’expert décide de créer mon entreprise en Octobre alors qu’en décembre l’exonération des taxes prenait fin. Je ne le savais même pas !
Je démissionne donc en Novembre 2014. Je démarre mes activités dans la douleur de l’enfantement. En mars 2015, le service des impôts me contacte et m’informe du fait que je dois payer la patente qui s’élève à 400.000 Fcfa selon le montant de mon chiffre d’affaire mentionné. J’ai crié : Quoi ???
Je tombe des nues. L’expert qui entre temps avait rempli son contrat de prestation me confirme le montant à payer. Première crise de larmes de ma vie d’entrepreneure.
Je propose aux impôts de payer le montant en deux mensualités. Ils acceptent ma proposition.
Ce qui m’a le plus rendu triste, c’est que j’avais mis ma confiance en une personne qui n’avait pas pris la peine de m’expliquer tous les contours de la déclaration de mon entreprise.
On me disait: <Tous les trimestres tu dois déclarer tes impôts>. Mais, comment déclarer des impôts alors que je ne faisais pas vraiment de chiffre d’affaire ? Je n’y comprenais rien à tout cela.
Vu cette mauvaise expérience, je décidai de me débrouiller toute seule. Je ne voulais plus rien à voir avec les impôts. Un an s’écoulait donc sans que je fasse une déclaration. Puis un jour, une entreprise me demanda une attestation de régularité fiscale avant de payer le montant de ma prestation.
Je me retrouve donc un matin aux impôts pour retirer ladite attestation. C’est alors que la dame des impôts me sort une facture de 1.500.000 Fcfa comme montant à devoir avant de me la remettre. Là, s’en était trop !
-<< D’où vient ce montant ? >> Lui demandais-je ?
-<<Madame, vous n’avez pas fait de déclaration depuis la création de votre S.A.R.L. >>
Je fondis en larmes devant les agents des impôts. Je pleurais mon ignorance, je me rendais compte à quel point la peur des chiffres venait d’avoir raison de moi. Je pleurais le fait d’avoir remis à plus tard le fait de prendre un comptable pour m’aider dans la gestion de mes finances.
La seule chose que j’ai dite à la dame des impôts :<< madame s’il vous plait aidez-moi…>> Celle-ci ayant vu mon désespoir me proposa de bonnes modalités de paiement. Après m’être acquittée de ma dette, je demandais la fermeture de mon entreprise BLITHE COMMUNICATION pour faillite.
La leçon que je retire de tout ceci ? Créer une entreprise est loin d’être un jeu d’enfant. Cela n’a rien à voir avec tout le bling bling que vous voyez sur internet. En vérité, la vraie réalité est toute autre. N’ayez pas peur de prendre toutes les informations pour faire un choix judicieux du type d’entreprise que vous souhaitez créer. N’hésitez pas à vous faire accompagner par de vrais professionnels qui au-delà de l’argent, vous aident vraiment à faire de bons choix.
Comme le disent les livres saints : mon peuple périt parce qu’il lui manque la connaissance ! L’ignorance est un tueur silencieux…
Tu es entrepreneur-e ? Comment gères-tu les impôts dans ton entreprise ?
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