Comment cesser de battre son enfant quand on a été battue toute son enfance ?
L’éducation des enfants sous nos tropiques rime très souvent avec coups et violences verbales (injures). J’en ai fait les frais toute mon enfance et même jusqu’au secondaire. Je sais que nous sommes plusieurs à avoir grandi dans ces conditions. N’ayant eu que cela comme modèle, je commençais à l’appliquer aussi dans l’éducation de mes enfants.
Je suis la cadette de ma famille et je n’avais pas vraiment vécu les caprices d’un petit frère ou d’une petite soeur. Je supportais donc difficilement les crises de colère imprévisibles de ma fille. Je ne savais pas ce que c’était que de parler avec un enfant. Pour moi, la seule manière de faire entendre raison à un enfant était de lui porter main. J’ai constaté en le faisant que ma fille s’éloignait de moi, elle avait peur de mes réactions et je m’en voulais terriblement.
Alors, je décidai de changer, d’adopter une autre attitude, de cesser de battre mon enfant. Après maintes recherches sur des forums, des blogs, auprès de mamans plus âgées que moi et dans les saintes écritures, voici comment je suis parvenue à éduquer ma fille sans violences physiques :
L’écriture comme outil thérapeutique
Je mettais par écrit tout ce que je ressentais lorsque je me mettais en colère. Je présentais ces points dans la prière à Dieu afin qu’il me donne la force de me mettre au-dessus. Chaque fois que je sentais que les mêmes situations décrites plus haut allaient se répéter, je sortais prendre de l’air où je lui demandais de se retirer de ma présence.
Je lui avouais ma faiblesse
En Afrique un parent ne s’humilie jamais devant son enfant, les parents ont toujours raison ! Mais dans ma volonté de restaurer nos relations, je décidai de briser ce mythe. J’expliquai à ma fille mon désir de ne plus la fesser parce que je savais que cela lui faisait beaucoup de mal. Je sais qu’elle ne comprenait pas grande chose à mon initiative mais elle voyait ma sincérité.
J’appris à m’excuser auprès d’elle
Encore un autre mythe qu’il fallait briser ! Je m’exerçai à demander pardon à ma fille chaque fois que je ne tenais pas ma promesse où que je la grondais pour des raisons qui n’en valait pas la peine.
J’appris à lui dire « je t’aime »
Comme c’était bien difficile de franchir cette étape ! Ce petit mot qui fait tant de bien à notre âme, je ne me souviens pas avoir entendu mes parents me le dire. Ils l’ont dit certainement quand j’étais encore bébé. Lorsque je suis devenue grande, je souffrais d’un véritable vide émotionnel. Le premier « je t’aime » de ma vie, je l’ai entendue de la bouche d’un ami de classe lorsque j’étais au CE2. Alors, le dire à ma fille relevait vraiment d’un miracle, tellement j’avais la lèvre lourde. Je commençais d’abord par lui dire : « maman t’aime » puis après « je t’aime ». Aujourd’hui, elle l’entend chaque jour ! Nos enfants ont besoin de se sentir aimé et chéri, ils ont besoin de sentir qu’ils comptent pour nous et que leur venue sur terre est un bonheur pour nous.
J’ai appris à la serrer dans mes bras
Encore une fois, nous n’avons pas cette culture en Afrique. Les câlins, ce n’est pas le plus important dans l’éducation des enfants, certains parents les considèrent comme des choses de « blancs ». Pourtant, ce sont de petits gestes, qui peuvent transformer des vies.
J’ai changé de méthodes de punition
Au lieu de la fessée, je la privais des choses qu’elle aimait le plus (rester près de moi, sa poupée, son yaourt ) etc. J’ai constaté qu’elle se sentait plus mal avec ces privations qu’avec la fessée.
Qu’ai-je obtenue ?
Ma relation avec ma fille s’est beaucoup améliorée. Je suis plus qu’une mère pour elle aujourd’hui, je suis son amie.