Victime de violences conjugales, comment j’ai dû partir pour sauver ma vie (partie 3 et fin)
Le déclic se fit un soir. J’étais assise sur mon lit et je revis en image, l’image de mes parents.
Un couple marié depuis plus de 45 ans, et qui après tant d’années vivait une complicité sans pareille. Je ne les avais jamais entendu se disputer, ni hausser le ton l’un sur l’autre. Je les revoyais en pensée si amoureux ; alors je réalisai que j’avais été le fruit voulu d’un amour. J’étais aimée et j’ai été désirée par mes parents. Je me suis mise à penser à la jeune fille pleine de vie, d’audace, de courage et de joie que j’étais avant. Je repensais à toutes les personnes qui croyaient en moi, qui me faisaient confiance.
J’ai réalisé que j’avais fait un mauvais choix, mais que je pouvais corriger ma trajectoire en prenant une décision radicale ; celle de dire NON A LA VIOLENCE ! Je méritais d’être heureuse, de vivre ! Car cet homme n’avait aucun droit de vie ou de mort sur moi comme il avait réussi à me le faire croire !
Cela s’est passé en quelques minutes. Je pris mon téléphone et appelai un ami avocat ; j’introduisis une demande en divorce dès le lendemain. Mon mari était choqué quand il l’apprit parce qu’il avait réussi à me convaincre que j’étais son esclave et que je le resterai toujours. Il ne revenait pas que je sois capable de vouloir divorcer.
En vérité, c’est lui qui ne me méritait pas ! Et moi j’avais péché d’ignorer la femme de qualité et de valeur que j’étais et que je suis !
Je poursuivis sans sourciller la procédure de divorce avec une diligence dont je ne me serai pas crue capable. Il avait peine à croire que ce qu’il avait tenté « d’étouffer », reprenait vie. Sept mois, après ma demande, j’obtins le divorce et je me mis à me reconstruire petit à petit.
Des erreurs j’en ai fait, je n’étais pas préparée au foyer, et je n’ai pas cherché de l’aide à temps.
Les victimes de violences conjugales se sentent coupables ; elles finissent par se dire que tout est de leur faute et que c’est à raison qu’elles sont battues. Moi, on avait fini par me faire croire que c’est mon mauvais comportement qui me faisait mériter les coups, et que de toutes façons toute femme qui voulait rester dans un foyer devait accepter les coups, les humiliations et les injures. Je l’ai cru à tort. En vérité, ces personnes qui font subir ces sévices souffrent elles-mêmes d’un mal existentiel, d’un complexe non avoué. Nous pouvons les aider si nous en avons les ressources, mais ne pas rester dans un environnement de violence car nous pourrions y perdre la vie. Pourtant, plusieurs autres femmes n’ont pas eu la chance de se sortir de ce gouffre comme nous. Il y’en aujourd’hui des centaines à l’hôpital psychiatrique, d’autres sont six pieds sous terre, victimes de violence conjugale.
Ma sœur, mon amie, refuses toute forme de violence, on ne se tue pas pour un homme. Cela ne fera pas de toi une héroïne. Cherches de l’aide, montres des signes de détresse ! Je ne te demande pas d’exposer ton foyer, mais il est important qu’au moins une personne en qui tu as confiance sache la violence à laquelle tu es exposée. C’est peut-être elle qui te sauvera la vie. Je te l’avoue, les coups dans le foyer, c’est comme les coups d’états en matière politique. Une fois que le premier coup est parti, ça ne s’arrêtera plus, à moins d’être vraiment aidé et résolu en tant que couple à chercher l’expertise nécessaire afin que plus pareil geste ne se répète.
Je sais que la vie de couple de vie n’est pas un long fleuve tranquille.
Mais la vie de couple n’est pas la violence physique
Mais la vie de couple n’est pas la violence verbale
Mais la vie de couple n’est pas la violence émotionnelle
Mais la vie de couple n’est pas la violence morale
Mais la vie de couple n’est pas la violence sexuelle
LA VIE DE COUPLE N’EST PAS LA TERREUR
Observes aussi autour de toi ! Regardes ta sœur dans les yeux quand elle te salue. Quand tu lui demandes « Comment tu vas » ? Que cela soit le fruit d’une information sincère que tu lui demandes et non une banale civilité lancée à son endroit. Tout le monde n’a pas la capacité ou la force de s’exprimer par le verbe, mais les yeux sont le miroir le plus parfait de l’âme d’une personne. Ils ne mentent pas même quand la bouche dit autre chose.
Femme saches écouter ce qu’on te dit et comprendre ce qu’on ne te dit pas !
Aime-toi assez, pour ne jamais accepter, ni permettre sous le prétexte d’une quelconque plaisanterie ou d’une colère passagère des tapes répétées.
Femme, je veux partager avec toi une pensée du philosophe Français Claude Adrien Helvétius qui dit ceci : « Les hommes sont si bêtes qu’une violence répétée finit par leur paraître un droit. »
Jamais ne donne à un homme ce droit sur toi, je t’en prie ! Tu es la dernière créature de Dieu, son chef d’œuvre le plus délicat, tu es Co créatrice avec Dieu, porteuse de vie ! Sans toi, sans ta matrice, la race humaine ne serait pas. Respecte-toi assez, aimes toi et prends conscience de ta valeur inestimable.
Parce qu’on ne doit jamais battre une femme – même avec une fleur !